Habitation difficile à payer? Partagez le loyer!

Publié le par Sylvie Mejblum

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Du fait que les loyers et les prix des logements augmentent, la colocation reste une solution possible pour ceux qui ont des difficultés. Il s'agit de partager le logement et le loyer avec autrui – des personnes que vous connaissiez déjà ou pas. Puisque le loyer est partagé, les colocataires peuvent ainsi se permettre de vivre dans un confort qu'ils n'auraient pas s'ils devraient payer leur loyer seul. Le CRIOC a réalisé une étude sur les habitudes et la perception des belges en ce qui concerne la colocation. On remarque tout de suite que le concept de la colocation a le vent en poupe dans ses temps de crise économique; cette tendance est d'ailleurs confirmée par le fait que l'offre ne réussit pas à suivre la demande. On constate que ce sont surtout des étudiants et des jeunes actifs qui optent pour cette formule et que c'est à Bruxelles que ce concept bat son plein.

Argent

Regardons d'abord le côté financier. Le CRIOC constate que la colocation permet de faire des économies: le loyer à payer est 38% inférieur à ce que l'on paierait seul. Ce pourcentage d'économie est le plus élevé à Bruxelles, où les loyers sont également les plus élevés. En moyenne, le loyer partagé d'un logement à Bruxelles coûte 365€, soit plus de 50€ qu'en province: huit offres de colocation sur dix se situent à Bruxelles. C'est aussi parce que Bruxelles est la plus grande ville estudiantine et que des nouvelles idées font plus rapidement leurs chemins dans les grandes villes.

Motivation

La principale raison pour laquelle des gens décident d'opter pour une colocation, est en effet d'ordre économique. Les motivations sont partagées entre les personnes qui offrent une habitation et celles qui en recherchent une. Au lieu de payer un loyer plus bas où le confort n'aura moins sa place, certains consommateurs préfèrent partager leur habitation pour le préserver. Pour beaucoup de personnes, la colocation n'est cependant pas uniquement une question économique: deux consommateurs sur cinq déclarent que c'est aussi une manière agréable d'élargir leur cercle d'amis, de  connaissances pour pouvoir partager des points d'intérêts communs. Un peu moins d'un consommateur sur trois trouve cette façon de vivre originale et attrayante.

Profil

Cela n'étonnera personne si on vous disait que ce sont surtout des étudiants et des jeunes actifs qui pratiquent  le plus la colocation. Autrement dit: ceux qui n'ont normalement pas encore beaucoup d'argent derrière eux de disponible et ceux qui n'envisagent pas encore de s'installer directement en petit ménage. L'étude le montre également de façon très claire: plus l'âge du consommateur est élevé, moins le phénomène est connu et plus l'intérêt et l'appréciation sont bas. Les chiffres: l'idée d'entrer dans une colocation attire en moyenne 17% de la population, ce pourcentage étant nettement plus élevé, de 58%, chez de jeunes de 18 à 29 ans.

Expérience

Sept Belges sur dix disent qu'ils ont déjà entendu parler du concept. Or, seulement un peu plus d'un sur dix a lui-même vécu l'expérience de la colocation. Une grande majorité des consommateurs pense que la colocation est un phénomène en pleine croissance, ce qui se confirme par les chiffres : l'offre n'arrive pas à suivre la demande, pour quatre demandeurs il n'y a seulement que trois offres. Parmi les consommateurs qui ont déjà essayé la colocation eux-mêmes, les trois quarts déclarent qu'ils gardent de bons souvenirs de cette expérience.

Conclusions et recommandations

Le CRIOC tient quand même à attirer l'attention sur l'autre quart qui regroupe des consommateurs mécontents. C'est la raison pour laquelle le CRIOC recommande à tous les consommateurs d'être toujours très attentifs avant de s'engager dans un contrat de colocation. Il y a toujours un certain risque, surtout si les personnes avec qui vous signez l'accord sont encore des inconnus pour vous. Le CRIOC recommande donc aux candidats à l'aventure de se poser les bonnes questions et de bien évaluer la situation avant de foncer tête baissée dans la colocation.
Le caractère des colocataires est-il compatible avec le vôtre; leurs habitudes ne vous dérangent-elles pas (fumeur, couche-tard, etc.); les frais (téléphone, télédistribution, eau, énergie, etc.) et dépenses respectifs sont-ils précisés dès l'entrée dans le bien; autant de questions auxquelles le consommateur devra se montrer attentif.

Le CRIOC constate également que la colocation est une bonne solution pour certains consommateurs dans ces temps de crise économique. Le fait que les consommateurs se tournent vers d'autres solutions de logement, prouve aussi qu'il est difficile de trouver un logement adéquat par les voies normales. 

 

C'est pour cela que le CRIOC recommande aux autorités publiques de développer une solution structurelle pour l'accès à un logement. Des règles au niveau communautaire devraient être établies pour éviter d'éventuels conflits entre colocataires. Ce serait dommage si de graves problèmes perturberaient les accords en vigueur.
On peut citer les paiements, les règles d'ordre intérieur, l'utilisation du téléphone ou la répartition des repas, alors que ce sont justement tous ces éléments qui font le charme d'une colocation.

 

Le terme « colocation » n’est cependant pas univoque et recouvre plusieurs réalités.
-Soit la colocation est vécue comme un espace utile pour une somme d’individualités. Aucun projet commun n’existe entre les colocataires qui partagent selon leur bon vouloir la vie en communauté. Dans ce cas précis, on parlera de réelle colocation. Soit la colocation est vécue comme une réelle communauté où entraide et solidarité sont mises en avant au sein d’un projet commun dans lequel chaque colocataire joue son rôle.

Le consommateur aura à faire un choix parmi différentes philosophies de colocation. Pour ce faire, il devra se montrer attentif aux écueils et aux avantages de chacune d’entre elles.


Dans tous les cas, un même constat : pas assez de places disponibles face à une demande en croissance !
Compte tenu des obstacles et difficultés auxquels sont confrontés les candidats à ce type de logement alternatif, vécus de manière encore plus vive par les personnes en situation de précarité, il est urgent qu’une réflexion politique profonde soit engagée de manière à favoriser la mise en œuvre de structures variées et adaptées à tous. Le logement collectif doit être un réel choix et non pas un dernier recours afin de ne pas tomber définitivement dans la pauvreté.

De plus, le CRIOC a constaté qu'il n’existe pas de lois spécifiques régissant la colocation. Ce sont donc les règles de droit commun du bail qui s’appliquent. Toutefois quelques spécificités sont à souligner, telle la clause de solidarité.
Cette clause prévoit que tous les colocataires sont solidaires du paiement intégral du loyer et des charges. C’est une garantie pour le propriétaire dans le cas où l’un des occupants ne parvient plus à assumer sa part de loyer; il peut alors demander aux autres occupants de payer pour lui, mais c'est également une garantie pour les colocataires, car si l'un d'eux quitte le logement en cours de bail, ce dernier devra toujours payer sa part du loyer et des charges, et ce, jusqu’à la fin du bail.

 

 

Article écrit par Sylvie Mejblum pour le CRIOC

 

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